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« Du chemin à parcourir » – Pascal Jacquet

Catégorie: Le Groupe Polygone

Article publié le 21 septembre 2023

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Le groupe Polygone est actif sur toute la chaîne de la déconstruction, du démantèlement de bâtiments à la valorisation des déchets. Mais pour se positionner sur le marché de la déconstruction circulaire tout en restant compétitif, du chemin reste à faire.

Interview de Pascal Jacquet, directeur général de Polygone

Quel est le positionnement du groupe Polygone par rapport à l’économie circulaire ?

Nous travaillons beaucoup sur le sujet. Nous voulons être un partenaire reconnu dans la mise en place de cette approche qui, de toute évidence, représente l’avenir.

De par nos activités, nous sommes pleinement dans l’économie circulaire avec la société Polygone qui se trouve en amont de la chaîne et la société Ecotec qui se trouve en aval. Polygone est notamment spécialisée dans le curage – c’est-à-dire la mise à nu – des bâtiments existants destinés à la rénovation. Nous pratiquons aujourd’hui le plus souvent un « curage brut » avec un dépôt sélectif des déchets dans les bennes pour les transporter ensuite à Ecotec, société sœur de Polygone, spécialisée dans le tri et la valorisation de déchet. L’approche circulaire demande une approche encore plus rigoureuse : démantèlement plus soigné, conditionnement et logistique et adaptés ainsi qu’une surface de stockage disponible conséquente.

Il y a encore de chemin à parcourir et surtout des mentalités à changer. Nous avons à apprendre des pays qui nous entourent, qui sont bien plus avancés dans cette dynamique et qui possèdent les plateformes nécessaires à l’instauration de pratiques circulaires, structures dont le financement a été généralement soutenu par des fonds publics. Cette main tendue des institutions est une condition pour avancer.

Dans les bâtiments existants qui n’ont pas été pensés pour être déconstruits, peut-on réellement récupérer des matériaux ?

Dans un monde idéal, déconstruire de manière soignée devrait être la normalité. Dans le monde économique actuel, c’est encore loin d’être le cas. Nous estimons que là où 1 heure de travail est nécessaire pour effectuer un démantèlement traditionnel, il faut en compter de manière générale 2 pour un démantèlement soigné. En effet, même si la dépose d’une porte ne demande pas plus de temps en soi, récupérer des matériaux demande un conditionnement réfléchi, un transport bien plus délicat et un stockage dédié. Toutes ces phases demandent du temps, du travail et représentent un coût réel qui n’est certainement pas à minimiser.

Que manque-t-il pour que vous puissiez vous permettre un démantèlement soigné ?

Il y a plusieurs paramètres qui font qu’aujourd’hui la mise en place de l’économie circulaire au Luxembourg n’est pas mature pour l’objectif affiché en matière de réutilisation des matériaux.

On sent au Luxembourg une réelle volonté de favoriser l’économie circulaire. De nombreuses publications et études sur ce sujet existent, des séances d’informations se tiennent, des initiatives sont prises mais tout cela reste, il faut bien se l’avouer, assez théorique. Nous devons passer à l’action mais c’est très compliqué pour une entreprise commerciale de faire le pas car de nombreux freins et zones grises existent encore. En plus du coût du démantèlement, je citerais notamment la problématique de la garantie, du prix hors norme du m2 au Luxembourg pour du stockage, de l’ouverture du marché luxembourgeois à l’utilisation de matériaux de réemploi.
Il faut également que les délais pour les remises de prix soient mieux adaptés afin de pouvoir trouver des solutions de réutilisation pour les matériaux.

Quelle est votre marge de manœuvre en tant qu’entreprise ?

Je la crois restreinte, mais le monde de l’entreprise doit être l’acteur moteur et prendre ses responsabilités. Aujourd’hui, nous voulons nous positionner sur le marché de l’économie circulaire parce que nous constatons dans notre activité au quotidien que cela fait sens.

Entre ce que nous faisons et ce que nous souhaiterions faire, il y a toute une série d’avancées qui doivent être réalisées pour lesquelles nous n’avons pas la capacité d’agir seuls. Comme bien souvent dans la mise en place effective de nouvelles façons de penser et d’agir, les pouvoirs publics sont indispensables pour la mise en place de facteurs favorisants.

Nous ne pouvons pas en même temps entrer dans le cercle vertueux de l’économie circulaire et surcharger les coûts pour atteindre cet objectif. Il y a un juste équilibre à trouver.

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Mélanie Trélat
Extrait du NEOMAG #57
Plus d’informations : http://neobuild.lu/ressources/neomag

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